Le « volcan » diplomatique qui interrelie Haïti et les États-Unis depuis bien des années entre en éruption fracassante cette semaine sous la poussée d’une faille sismique migratoire et le coup de tonnerre provoqué par la démission de l’envoyé spécial américain Daniel Foote. Les leçons diplomatiques et politiques à appréhender d’une telle tempête à multiples têtes surréalistes et biopolitiques sont multiples. Elles invitent à une approche réaliste et objective des perspectives de naufrages symbolique pour l’image emblématique des États-Unis en tant que non seulement grande puissance. Mais aussi comme père fondateur de la démocratie en Amérique. Evidemment, il en va autrement pour Haïti. Ce sont les effets micro et macro sociopolitiques suicidaires qu’il faut mettre en avant surtout les humiliations épouvantables rappelant les souvenirs funestes de l’esclavage. Un double regard, peut-être inégalé, dans le viseur de la co-gestion politico-diplomatique haïtiano-américaine s’invite dans la gestion de cette catastrophe au péril humanitaire contrasté.
En plein cœur de cette tragédie humaine planétairement embarrassante, que devra nous enseigner le monsieur Sagesse de l’agir politique ? Dans les eaux troubles à forte densité souterraine irriguant cette complexité géopolitico-diplomatique, les solutions envisageables se trouvent au-delà des extrémités radicalisées des émotions politiques citoyennes (patriotiques) outrancières, à la rigueur égoïstes ou aveuglées. Tout aussi loin de l’égarement ou sciemment de la politicaillerie géopolitique anti-humaniste et cancérigène pour le développement durable, la prospérité des énergies et des ressources rares citoyennement prometteuses. Il en va de même, voire de surcroît, de la puissance des évidences irréversibles des obligations de respect et de protection de l’humanité « humanitaire » de la diplomatie. Autant en ce qui concerne sa contribution à la stabilité économique, politique et sociale d’une région et du monde requérant une refonte du paradigme défaillant des relations multilatérales et bilatérales entre Haïti et ses partenaires internationaux, au premier chef, les Etats-Unis.
Il est évident du point de vue des États-Unis d’Amérique, une analyse biopolitique du contexte sociopolitique (américain) actuel biaise la rationalité des mises décisionnelles influencées par des prévisions électoralistes tiraillées par des aspirations de victoires démocratiques et républicaines. Mais ce renversement diplomatique génocidaire tentaculairement indigne des préconisations de la communauté diplomatique internationale ne devrait pas être pris en otage par des petites échéances ou « calculettes » politiques. En revanche, il faut le reconnaitre, les décisions de pompiers prises par le président américain, Joe Biden pour sauver « la face démocratique et diplomatique » endommagée de l’Amérique demeurent pour l’heure en toute ambivalence très ambigües ! Rien ne saurait faire dissuader le fait que la grandeur du problème surtout par rapport á ses conséquences humanitaires désastreuses convoque un sursaut citoyen-transnational réflexif d’évidence dans l’immédiateté des conventions de Genève, qui redonnerait à la diplomatie ses lettres de noblesse en matière non seulement de lutte pacifique pour la paix, mais aussi pour le respect sacré des droits fondamentaux de l’être humain.
La non-application péremptoirement des préconisations du droit d’asile dérogatoire codifié par la Convention de Genève au profit des migrants haïtiens est impardonnable, surtout par les États-Unis le plus grand symbole de la démocratie du monde et davantage de la région. L’impératif sursaut de « renaissance légitimaire » de cette de-diplomatie constructive en va autant pour combattre l’instabilité, le sous-développement, fertiliser l’espérance humanitaire de bien-être que porte en soi chaque individu. Peu importe son lieu de naissance ou de sa co-descendance ethnique ou familiale. Corrélativement, favoriser l’exploitation ou la cogestion équitable des ressources favorables au développement durable et à la co-prospérité géostratégique des peuples. Le réalisme politique et géopolitique sérieux qu’impose cette traversée du désert diplomatico-géopolitique va encore plus loin en termes d’exigences impératives, souhaitables présentes et futures.
Face au mythe de l’hypocrisie et de la cécité diplomatique « nuageant » ou « obscurcissant » les conséquences récurrentes et pérennes du sous-développement contrastant avec les opportunités géographiques d’un sous-sol minier riche en espérances macroéconomiques, le réalisme politicogéopolitique exhorte à faire voler en éclats les nuages de la mauvaise foi (si tel est bien le cas) de nos partenaires internationaux et l’indifférence mortifère de nos dirigeants haïtiens.
La diplomatie cancérigène en termes de sous-développement, source d’instabilité politique chronique, et de son corollaire d’insécurité et de pauvreté extrême doit céder sa place à un paradigme politico-diplomatique novateur, inspirant la co-conduite d’une stratégie du développement durable souverain gagnant-gagnant. Ce n’est pas le lieu ici et ailleurs pour dire qu’une diplomatie du sous-développement est une diplomatie de la « peur » et de « lâcheté » consentie sans fierté et ni audace perfectible surtout à l’heure de la mondialisation opportune résumant des espaces géo-humains comme lieux de création de richesses et de développement durable optimal. Cela nous amène aussi à dire que le sous-développement est catégoriquement égoïste dans ses avantages réducteurs et éphémères, impitoyable par rapport à ses effets dévastateurs pérennes. À l’opposé, le développement est souverainement libérateur et altruiste par son ouverture au paradigme du bien-être multidimensionnel dont les retombées positives voyagent au-delà des frontières nationales territorialisées. Il est aussi entrainant opportunément par rapport à la mise en commun et la rentabilité des intelligences humaines et technologiques inégalement réparties indiscutablement à travers la planète. Il s’érige en « bien souverain » trouvant sa vertu dans une appartenance commune que réunit l’ensemble du progrès de l’humanité conditionnant le « vivre-ensemble » sociétal et extra sociétal. Ainsi, encourager le sous-développement de son voisin n’est que « ignorance ou méconnaissance voilée » non productible hors du temps et choix d’autisme délibéré en ce qui concerne l’énormité du pari d’avenirs prometteurs du développement co-globalisé. Preuve de lâcheté réformatrice en continu face aux incertitudes du futur, aux obligations de transcender la peur des imprévisibilités par des anticipations dont les sciences humaines et naturelles donnent les clefs. Parallèlement, c’est avouer son indifférence, son incapacité ou sa mauvaise foi d’affronter les murs du sous-développement par des « stratégies partenaires gagnantes renouvelées » opportunes dont nous livrent les secrets perfectibles d’un monde hyper-développé et interconnecté de façon inspirante.
Aucun prétexte ne peut justifier un tel choix sinon une méconnaissance du fait que, par effet déterministe multidimensionnel, le sous-développement de son voisin entraine une partie en soi de son sous-développement. Le sous-développement est géographiquement et géopolitiquement toxique et contagieux par ses effets de miroirs sociétaux imprévisibles et des catastrophes naturelles à effets géospatiaux collatéraux et pas toujours maitrisables de manière imminente. Or le co-développement est prometteur d’espérances nationales, régionales, transnationales et vecteur de métissage des connaissances et compétences universelles susceptibles d’être instrumentées à des fins d’inventivité et de productivité au service du bien-être de l’humanité. Pourquoi penser autrement si ce n’est pas choisir de travailler par imprudence voulue ou erreur stratégique, contre le bien-être de la planète n’étant concentré par démission défaillante, dérogation ou égoïsme contre-productif que sur son « petit coin du monde » qui devient à la longue insuffisant à lui-même dans un monde aspiré au pluralisme producteur, consumériste et à l’inventivité non « policièrement et solitairement dominable » ?
Un nouveau contrat diplomatique s’impose dans l’interface diplomatique haïtiano-américaine et ses alliés au nom d’un pacte de co-conduction stratégique, intelligente de co-développement durable souverain. Ne vaudra t-il pas revenir avec le slogan de l’ancien président Barack Obama dont il faudra creuser les secrets lors du séisme dévastateur de 2010 sollicitant « un nouveau partenariat avec Haïti » ? Peu importe son intention, l’heure de ce nouveau contrat depuis, semble bien en retard, mais non en dehors du temps. Cependant il ne peut pas être le fruit de l’intelligence politique ni diplomatique de la part des dirigeants haïtiens. Inductivement, l’ère et l’heure d’un nouveau contrat politique avec nous-mêmes sonnent à nos portes. Il nous incombe l’impérieuse responsabilité de cesser de nous faire diriger par des dirigeants qui, en raison de multiples raisons ne sont pas en capable de regarder « froidement » la complexité du monde politique mondial et de faire bouger la nôtre avec réalisme contextualisé, intelligence moderniste et réformatrice pérenne. C’est un impératif pour nous de nous armer de courage pour combattre à travers les choix électoralistes qui nous attendent bientôt, cette incapacité stratégique, inintelligente de transcender et d’adapter la complexité géopolitique et transnationale qui encercle Haïti au prix fort d’un pari de co-développement durable souverain gagnant-gagnant !
La démission « héroïco-diplomatique » perplexe de l’ambassadeur américain Daniel Foote suscitant « l’admiration » et l’erreur monumentale diplomatico-géostratégique de l’administration Biden semblent ouvrir une fenêtre d’opportunité pour la construction d’un « nouveau deal » des interrelations entre Haiti et ses alliés ! Cette foudre politico-bilatérale jette des étincelles multilatérales qui sont de nature aussi à fertiliser les réflexions d’un nouveau départ constructeur ou reconstructeur de l’agir politique haïtien de l’intérieur! Qu’allons-nous en faire ! Il nous est précieux de miser sur le temps de la construction de la conscience citoyenne changeante de la politique bonne. Autant prendre le temps de bien réfléchir et de choisir les élusporteurs d’une telle vision du monde social et de la politique qu’il nous faut absolument bâtir et laisser à notre génération future autant à celle de nos voisins.
Que Dieu bénisse Haïti !
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Bellevue Roosevelt
Bellevue Roosvelt est docteur en politique d’éducation et action publique. Ancien enseignant-chercheur en France et EN Haïti, il a été ministre Haïtien des Affaires sociales et du Travail, poste qu’il a laissé pour son combat contre la corruption et ses initiatives réformatrices. Conférencier, consultant en management opérationnel de l’action gouvernementale, il poursuit une formation en science politique et relations internationales à Paris.