Pétion-Ville, Haïti, 18 septembre 2021
LETTRE OUVERTE
M. Joe Biden
Président des États-Unis d'Amérique
OBJET : CRISE POLITIQUE HAÏTIENNE - MIGRANTS CITOYENS HAÏTIENS À LA FRONTIÈRE SUD DES ÉTATS-UNIS, Del Rio, Texas
Monsieur le Président,
Dans deux correspondances distinctes, adressées la première semaine de février 2021 à deux responsables américains M. Antony Blinken, Secrétaire d'État et Mme Nancy Pelosi, Présidente de la Chambre ; dans lequel, en ces deux occasions, j'ai fait référence à un «Tsunami national destructeur de vies humaines en Haïti”, si les États-Unis n’intervenait pas diplomatiquement en urgence. Durant ces deux occasions, j'ai clairement indiqué que « je ne demandais en aucun cas une assistance militaire aux États-Unis », mais, les États Unis en tant que médiateur international, je souhaitais qu’ils nous assistent avec sensibilité et sans inférence dans nos efforts autonomes pour une nouvelle HAITÍ démocratique, malgré notre diversité à suivre ce processus.
Monsieur le Président, Haïti et les États-Unis ont une longue histoire indiscutable que vous connaissez mieux que la plupart de vos prédécesseurs en raison de votre service de longue date à la Maison Blanche. Dans ces correspondances, j'ai essayé de vous informer du danger qu'HAITÍ revivait et qui ressemblait à celui du régime des Duvalier et que ce danger était une menace pour votre rivage à moins d'une heure de nous. Je suis même allé plus loin pour vous informer que HAITÍ était au bord d'une éruption volcanique. En tant que président défiant l’histoire et tous, M. Jovenel Moïse a refusé de se retirer de ses fonctions alors que tous les secteurs du pays même les universités américaines les plus réputées avaient noté que son mandat avait pris fin le 7 février 2021 dernier. Malheureusement, il n'y avait absolument aucun moyen de prédire que le président serait assassiné de manière lâche et cruelle dans sa maison privée. Sa mort, a culminé la dégradation sociale et a abaissé encore plus les attentes de la grande majorité qui a une nouvelle fois avait été touchée par le séisme du 14 août 2021 qui a dévasté trois départements de la partie sud d’HAITI. Bien sûr, ce chagrin supplémentaire a conduit à l'EXODE continu des citoyens haïtiens fuyant leur terre natale en raison d'une instabilité sociopolitique et économique jamais vécue dans notre histoire de peuple.
Aujourd'hui, HAITÍ a de nouveau fait l'actualité internationale non pas dans une situation si pompeuse mais dans ce que nous craignions le plus et pour lequel j'ai fortement prévenu votre administration. Si rien n'a été fait à titre préventif, les Haïtiens se retrouveront à risque de disparaître en pleine mer, dans les montagnes, les forêts et le désert ou se feront tuer sur des terres étrangères à la recherche d'un endroit plus sûr et meilleur à vivre.
Aujourd’hui, les médias américains ont signalé un afflux de migrants, environ 10,500 pour la plupart des haïtiens, jamais vu en deux décennies. Tous ont été appréhendés par des responsables américains. Au cours des onze derniers mois, près de 30,000 citoyens haïtiens sont arrivés aux frontières des États-Unis dans le cadre d'une vague massive de migrants à la suite de l'instabilité d'un gouvernement qui a détruit une démocratie que nous commencions à peine à comprendre et à pratiquer.
Monsieur le Président, les États-Unis ont rencontré des situations similaires avec des pays frontaliers et les honorables législateurs ont trouvé des solutions incitatives intéressantes pour garder la plupart des migrants sud-américains dans leur pays d'origine. Au nom du peuple d'HAÏTI, je voudrais solliciter que des programmes similaires soient proposés dans le cas de l'exode haïtien qui ne peut être comparé à aucun des autres pays des Caraïbes et des régions sud-américaines. Je vous demande monsieur d'utiliser votre pouvoir présidentiel pour nous aider à mettre fin diplomatiquement à cet exode massif et simultanément à mettre fin aux importations d'armes illégales qui se trouvent mystérieusement entre les mains de jeunes haïtiens désespérés et prêts à n’importe quoi pour leur survie dans les bidonvilles et un peu partout à travers le pays. Tout comme les Américains, nous les Haïtiens devons nous efforcer de voir les valeurs démocratiques et constitutionnelles respectées et acceptées comme un état de droit afin que nous aussi puissions vivre dans des conditions sociales égales à celles de nos pays voisins.
En tant que leader mondial, Monsieur le Président, conscient de nos relations historiques; ni la taille du territoire ni la taille de la population ne devraient avoir d'importance dans nos jugements de bien faire. Vous avez le pouvoir et l'obligation d'aller de l'avant et de nous aider à maintenir la stabilité dont nous avons besoin afin que notre peuple ne devienne pas un fardeau pour votre gouvernement et les contribuables.
Si j'osais vous demander deux choses Monsieur le Président, elles seraient:
1- Votre honnête compréhension de la constitution haïtienne dans laquelle elle stipule la nécessité d'un Président au Palais National. La conjoncture difficile dans laquelle s'est retrouvé le pays à cause d’une mauvaise gouvernance bien intentionnée, ne peut être résolue que par la mise en place d'un gouvernement de transition avec le Président provisoire désigné par l’opposition et de la société civile du juge le plus ancien de la Cour de cassation, M. Joseph Mécène Jean-Louis qui aura comme l'une de ses priorités de conduire le pays vers un processus électoral démocratique attendu depuis plus de trois années. Le gouvernement actuel dirigé par un Premier ministre autoproclamé aura tendance à mener le pays à un apogée pire que jamais, s’il n’arrive pas à comprendre que seul un gouvernement bicéphale provisoire est la solution.
2- Votre jugement de trouver une solution temporaire pour nos migrants à Del Rio au Texas serait idéal car, la déportation serait pour eux une condamnation. La situation en HAITÍ est si grave qu'ils vont à nouveau risquer leur vie plutôt que de vivre l’insécurité rampante, la tragédie sociale, politique et économique quotidienne. La solution est d'utiliser un garrot légal pouvant arrêter l'hémorragie à la source ainsi, nous aider à stabiliser le pays qui conduira à de meilleures relations diplomatiques et évitera ainsi les dépenses inutiles des contribuables américains.
Je souhaite sincèrement, Monsieur le Président, que vous et votre administration trouviez une solution appropriée en votre pouvoir pour stabiliser cette situation actuelle qui constitue une menace pour la région, notre pays voisin la République Dominicaine, les frontières et le littoral des États-Unis.
Au nom du peuple Haïtien, de la Diaspora haïtienne et du parti politique Force Démocratique Haïtien Intégré-FDHI que je représente fièrement, je vous remercie de votre considération sur ces questions et de votre action immédiate.
Recevez, Monsieur le Président, mes salutations distinguées.
Dr Eddy Delaleu
Secrétaire général-FDHI