Je sortais de ma vie comme on sort du ventre de sa mère. Tout le monde parlait de moi comme s'il attendait ça. Et puis, j'ai décidé de patienter un jour de plus. J'ai patienté parce que le jour où les ombres sont venues, elles m'avaient apporter de quoi me saouler. De la bonne bière, du bon vin, pour célébrer mon départ...
On a régalé ensemble. Puis, sans même portée attention, elles m'ont promis de me dire la vérité au sujet de l'autre bout du tunnel. Au levé du jour, avant de partir, elles m'ont dit que c'est pas vraiment le paradis là-bas. Que la vie est bien mieux ici. Il suffit de se donner à fond.
- Quoi ? C'est pas le paradis ?
Comment ça se fait qu'il n'y a pas de paradis là-bas ?
questionnais-je.
Le visage noyé dans les paumes de mes mains froides et muettes.
Elles me regardaient avec pitié, puis me répondaient comme pour me rassurer :
- C'est comme vous l'entendez monsieur. L'endroit que vous faites la folie d'y aller peut tout avoir. ça peut ressembler à tout. Les pages que vous aviez lues, les films de toutes sortes que vous aviez regardés,
ne font que vous projeter l'emballage de l'endroit mais pas sa réalité. C'est pas ce qu'il y a vraiment à l'intérieur. Oui, là-bas, il y a tant de beautés, la vie semble tellement facile, on vit comme des riches, mais, si vous savez; là-bas, ils meurent sous la pression du temps. Ici, le temps est bon serviteur, là-bas, un mauvais maître.
J'ai alors pris le temps de contempler ma boîte, celle qui m'accompagnerait dans ce voyage. Elle ne me disait complètement rien, mais ma conscience me touchait tellement fort, c'était comme si une flèche de cupidon venait de me toucher au cœur.
Du coup, je pense à la vie, à mes parents, mes amis, mes folles activités passionnantes. La culture, la littérature, la poésie, la musique, la peinture, les visites à la campagne et tout... Tout ce que je laisserais derrière moi. Mais, si je pars et que je n'vais pas au paradis, pourquoi partir ?
Dois-je partir pour rattraper le temps où pour se faire remarquer après mon départ ?
Dois-je le faire pour creuser le vide de mon existence ou captiver le silence de ma terre dans le ciel de l'oubli des siècles perdus, envolés, troués jusqu'à se faire naturalisé ?
Les ombres se présentaient à nouveau puis me disent que c'est l'heure. J'ai pleuré loin de ma tombe, près de ma boîte au crépuscule des saisons en détresse. Les gens qui attendaient mon départ, riaient, sautaient de joie, festoyaient. Comme s'ils comprenaient l'avenir mieux que moi. Ils se réjouissaient et moi je pleurais. Après un instant de pure silence, j'ai crié à haute voix, je n'irai nulle part, je ne mourrai pas de cette manière. Oui, ils nous ont déjà tout pris, et on a beau oublié d'où l'on vient. Je ne partirai pas servir là-bas. Je vais trop me rappeler de mon paradis, je ne veux pas faire partie des oubliés du siècle.
AUTEUR : Obdiel Zidane Dormelus